Sauvegarder le patrimoine religieux
« Début janvier, sur le plateau de France 5, Roselyne Bachelot a évoqué la nécessité de « raser certaines églises » qui ne présentent selon elle « aucun intérêt notoire » sur le plan patrimonial. Des propos très durs, qui ont cependant le mérite de mettre les catholiques – et les non catholiques – face à leurs responsabilités. »[1]
Je lis dans cet article : « Si la « solution » proposée par Roselyne Bachelot pour la conservation du patrimoine religieux est inadaptée, le diagnostic duquel elle découle n’en est pas moins réaliste. »
Sans doute la solution est-elle inadaptée et aussi mal proposée dans un contexte où le dialogue passe mal entre la sphère profane et la sphère religieuse, mais elle a le mérite d’un réalisme judicieux.
Pour commencer il faudrait dresser un inventaire objectif de ce qui est patrimonial et avant tout définir de quel patrimoine on parle.
D’ores et déjà se démarquent deux conceptions : l’une de l’ordre d’un inventaire architectural et artistique pour déterminer ce qui présente vraiment une valeur patrimoniale et l’autre qui est de l’ordre de la valeur religieuse.
Il sera nécessaire dans ce contexte de mettre les pendules à l’heure et de sortir d’une laïcité enfermée dans un carcan idéologique, positionnée entre un laïcisme sectaire et une religiosité qui confine parfois à une « béatitude sentimentale » qui mériterait d’être revisitée en profondeur.
Il sera évidemment nécessaire de relire les conditions dans lesquelles les édifices religieux seraient à inscrire au titre de « patrimoine » en tenant compte de la législation en vigueur à partir de 1905[2].
Il ne s’agit pas de sauvegarder à tout prix sans considérer le coût parfois exorbitant des travaux qui seraient nécessaires. Entre la destruction sauvage et sans motif et la conservation au risque d’une dégradation inéluctable, il devrait être possible de s’accorder sur un consensus autour de critères clairement définis par des spécialistes compétents et indépendants sans exclure la consultation des instances concernées de la vie civile et des autorités compétentes pour l’utilisation des édifices religieux.
Quant à l’usage des églises et des chapelles, Il faudrait aussi respecter, même s’il ne s’agit pas de monuments de valeur patrimoniale, l’usage de proximité des fidèles et dans la mesure où l’état des lieux n’indique pas un manque de sécurité. Il n’est pas justifié de procéder à un rasage indiscriminé de tous les clochers.
Benoît de Sagazan, directeur de l’Institut Pèlerin du patrimoine[3] souligne avec pertinence que « les églises doivent s’appuyer sur trois piliers : la transcendance, le rassemblement, et le service du bien commun. Si elles répondent à ces trois objectifs, elles vivront, et la question de leur existence ne se posera même plus. Les églises n’ont pas vocation à demeurer des vestiges du passé. »
[1] https://fr.aleteia.org/2023/02/03/destruction-des-eglises-et-si-roselyne-bachelot-avait-raison/
[2] https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000508749
[3] https://patrimoine.blog.lepelerin.com/
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