The Virgin Mary in Prayer – 1518
Albrecht Dürer (1471 – 1528)
Oil on linden panel – Staatliche Museen, Berlin
Albrecht Dürer : Le visionnaire mélancolique
(cf. Isabelle Grégor – Source https://www.herodote.net/Le_visionnaire_melancolique-synthese-2354.php
« Ici je suis un seigneur, là-bas un parasite ». Cette constatation cruelle que fait l’Allemand Dürer à son retour d’Italie montre bien le caractère ambivalent de celui qui fut un des fers de lance de la Renaissance artistique et intellectuelle : il était en effet à la fois sûr de son génie et angoissé de ne pas être à la hauteur, de ne pas pouvoir atteindre la perfection tant espérée.
Faisons mieux connaissance avec ce génie visionnaire dont le grand humaniste Érasme semblait avoir pressenti l’immortalité lorsqu’il déclara : « Un artiste comme lui serait digne de ne jamais mourir ».
L’incarnation de la Renaissance allemande
Albrecht Dürer a-t-il eu conscience de naître au bon moment ? Il va en effet vivre les derniers feux du Moyen Âge dont on retrouve la flamboyance gothique dans le chaos apparent de certaines de ses gravures, surchargées et violentes. Les planches foisonnantes de son Apocalypse, gravées pendant les dernières années du XVe siècle, reflètent ainsi les inquiétudes d’une époque pénétrée de l’angoisse millénariste de la fin des temps. Mais Dürer sut aussi se mettre à l’écoute des prémices de la Renaissance dont il devint un des plus dignes représentants : graveur, peintre, mathématicien, passionné d’anatomie et théoricien de l’Art, il a réussi à intégrer le vaste réseau d’éminents savants et intellectuels européens qui travaillèrent à donner naissance à ce nouveau courant de pensée. Il s’y fit d’ailleurs sans aucun doute apprécier, si l’on en croit les témoignages de tristesse qui se multiplièrent dans les correspondances à l’annonce de la mort de celui qu’on appelait l’Apelle allemand ».
[Appelle, peintre du IVe siècle av. J.-C. Célèbre pour son interpellation d’un cordonnier qui, regardant une de ses oeuvres, s’est pris à critiquer la manière dont il avait peint une sandale : « Ne ultra crepidam ».]
Même s’il n’eut pas lui-même à proprement parler d’éducation classique, il parvint à force de curiosité à acquérir une culture suffisante pour se mettre à la hauteur de ses contemporains érudits. Les voyages, lectures et expériences diverses qu’il multiplie montrent également sa soif de découverte et de savoir. Il ne cesse de s’intéresser au monde qui l’entoure, que ce soit les peuples lointains, les animaux familiers ou exotiques, les plantes, même les insectes. Il va également à la fin de sa vie se consacrer à la rédaction d’ambitieux ouvrages théoriques pour poursuivre ses réflexions et partager ses connaissances, convaincu à la fois d’être un grand artiste et de rester un amateur dans la poursuite de la perfection.
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