Lyon – 2020 Année Saint Irénée – Deuxième évêque de Lyon
Anne Soupa, théologienne et candidate aux fonctions d’évêque de Lyon – Posté le 25 mai 2020 sur son compte twitter.
Madame A. Soupa est candidate aux fonctions d’évêque de Lyon au titre de théologienne. Et elle ajoute qu’elle ne le fait pas « de son propre chef, mais parce que certains de ses proches l’y ont conduit »
Lettre ouverte à madame Anne Soupa
… Non madame, 2020 ne sera pas l’Année Anne Soupa !
Des propos maladroits
A propos de Helmina von Chézy, auteur du livret de l’opéra Euryanthe mis en musique par Carl Maria von Weber, créé en 1823. Gustav Malher qui le produisit en 1903, alors directeur de l’opéra de Vienne, la qualifiait de « poétesse au grand cœur et à la tête vide ». …
2009 : « Le plus difficile, c’est d’avoir des femmes qui soient formées. Le tout n’est pas d’avoir une jupe, c’est d’avoir quelque chose dans la tête. » Le Cardinal André Vingt-Trois a dû s’excuser publiquement pour ses propos jugés machistes à l’endroit d’une femme, fondatrice du « comité de la jupe ».
Je ne sais pas si on aurait pu exiger de Gustav Mahler des excuses publiques et sans doute le propos n’était-il pas très courtois. Mais si l’on poursuit dans cette logique de l’affrontement du masculin contre le féminin il est évident qu’on n’en sortira jamais.
Et si l’on voulait bien sortir de part et d’autre de cette « fausse logique de l’affrontement » qui dégénère très vite en affront, pour introduire un peu plus de raison.
Je ne comprendrai jamais ces personnes qui vivent constamment dans l’aspiration à être plutôt qu’à s’épanouir dans l’être. In fine depuis qu’un certain féminisme s’est installé en tête de gondole des rayons médiatiques, je ne suis pas convaincu que la femme ait gagné en crédibilité, en affirmation et en authenticité de ce qu’elle est. Certaines prises de position féministes, malheureusement trop souvent justifiées par la grossièreté et la vulgarité de certains exemplaires du genre masculin, n’ont pas contribué à donner à la femme sa vraie place car les « féministes radicales » se présentent elles-mêmes comme des antithèses de l’homme. Je ne demande pas à la femme de prendre ma place mais de prendre sa place, par sa compétence, par ses qualités, par ses vertus, … toutes caractéristiques qui la rendent indispensable non pas seulement comme complémentaire de l’autre sexe mais comme la quintessence de ce qu’elle est.
Je reviens à Gustav Mahler. Le personnage est intéressant non seulement parce qu’il est un grand compositeur mais parce qu’il était le mari d’Alma. Sans doute n’est-il pas le meilleur exemple d’une personnalité reconnue, qui a imposé à sa femme un retrait de sa vie d’artiste peintre et de compositrice. La conséquence en fut que le couple Mahler n’était pas un modèle d’harmonie. Mais Alma n’a pas pour autant éteint ses aspirations artistiques. A la fin de sa vie, Mahler, sur les conseils de S. Freud, retrouve « sa capacité d’amour » auprès d’Alma (cf. Lettres à Alma). Et Alma est aussi connue, avec ou sans Mahler, comme compositeur.
Retour au réel
Si ce climat de conflit persiste on n’en sortira jamais de cet impossible combat entre l’homme et la femme dans lequel on voudrait un vainqueur et un vaincu. Parce que cette vision des choses est absurde. Si l’histoire s’est écrite à quatre mains jusqu’à aujourd’hui il faut bien avouer qu’il aura fallu attendre le XX° siècle pour que la brouille l’ait rendue illisible parce que l’un des protagonistes a voulu reprendre sa liberté pour écrire sa propre histoire en effaçant l’autre.
Aujourd’hui, madame A. Soupa est candidate aux fonctions d’évêque de Lyon au titre de théologienne. Et elle ajoute qu’elle ne le fait pas « de son propre chef, mais parce que certains de ses proches l’y ont conduit ».
D’abord une remarque : comme le dit à plusieurs reprises ce même texte d’acte de candidature, c’est une première à tous les sens du terme puisque l’évêque ne porte pas sa candidature, pas plus d’ailleurs qu’on ne se porte candidat à aucune fonction dans l’Église. La fonction, indépendamment des dispositions canoniques, s’inscrit dans la logique d’un appel auquel la personne reste toujours libre de répondre, le diacre, le prêtre, l’évêque.
Exclure, comme le dit la candidate, la moitié de l’humanité est erroné : c’est 100% car personne n’est candidat. Celui qui ressent un appel ne se porte pas candidat mais répond à une vocation qui lui est donnée par Dieu lui-même. Madame Soupa a-t-elle entendu un appel, des voix… sinon celles des 15986 (à la date du 25/06/2020 14:48) signataires d’une pétition lancée pour soutenir sa candidature.
Un candidature : elle veut être « serviteur de la Parole ».
Tout baptisé est serviteur de la Parole avec ou sans fonction, avec ou sans titre. Il est inscrit dans l’acte même d’un sacrement, -le baptême confirmé plus tard par un autre sacrement, qui confèrent tous deux un caractère-, que celui ou celle qui les ont reçus est non seulement habilité mais hautement responsable de transmettre la Parole, par son exemple, par sa parole qui est un relai de la Parole dont il se fait l’instrument. C’est la pratique depuis le jour où les apôtres ont entendu le mandat : « Allez, enseignez toutes les nations, baptisez, faites des disciples ».
Vous vous portez candidate pour « occuper une charge de gouvernement ». Et vous appuyez votre candidature au titre de théologienne. Vous savez que celui qui est appelé au sacerdoce reçoit par son ordination non pas des « fonctions » mais des charges, en latin des « munera » : de diriger, d’enseigner et de sanctifier. L’évêque les reçoit en plénitude. Ces trois charges ne sont pas « au choix ». Et, si vous me permettez d’ajouter, des trois munera non négociables je mettrais en premier celui de sanctifier, « munus sanctificandi » qui est à la fois actif et passif : la nécessité de se sanctifier soi-même et de sanctifier les baptisés par l’administration des sacrements. Quant au « munus docendi », d’enseigner, vous qui êtes théologienne vous sentez-vous sûrement apte à transmettre ce que vous permettent vos compétences. Et enfin le « munus regendi », auquel vous aspirez et qui fait l’objet principal de votre acte de candidature, je le mets non en dernière position mais comme le résultat de l’exercice assidu des deux autres.
Avec humour … peut-être, vous définissez ainsi l’évêque : « un homme célibataire, âgé et tout de noir vêtu ».
La formule prêterait à sourire si elle n’était pas une caricature qui fait sombrer votre « candidature » dans le ridicule.
Vous en appelez au Pape François, qui a, d’après vous, demandé « aux théologiens de mieux distinguer prêtrise et gouvernance ». Distinction n’est pas séparation de fait ni de droit. N’entrons pas dans le débat piégé, que la multiplication des abus a exacerbé, des causes de ces abus. A l’appui de votre candidature vous présentez les quatre derniers évêques de Lyon comme des incapables qui ont « laissé les loups entrer dans la bergerie… ». Et vous prétendez redonner vous-même « une légitimité au corps épiscopal », restituer « aux laïcs et aux prêtres une parole vraie, libérée ». N’en faites-vous pas un peu trop ? On croit entendre la profession de foi et les engagements d’un candidat à des élections politiques. Et puis, il semblerait que vous considériez l’Église comme une démocratie. Alors vous accepterez sans doute que votre candidature soit ouverte à la concurrence.
Croyez-vous que la femme, dont vous vous érigez en icône … ou peut-être plutôt en pythie, en sortira grandie. Vous croyez vraiment que revêtue d’une fonction de gouvernement, sans autre charisme que votre titre de théologienne et de présidente du « comité de la jupe », vous rendrez à la femme une dignité que d’après vous elle aurait perdue, « assignée et bridée dans ses désirs de responsabilités » ?
Je commence à douter sérieusement de vos compétences de « théologienne » quand je lis que vous réinterprétez la volonté de Jésus-Christ de choisir « des hommes qui n’étaient pas prêtres ». Je ne vous ferai pas l’affront de vous rappeler que le sacrement de l’ordre a été institué par Jésus en même temps qu’il instituait l’Eucharistie. Quant au célibat il est inutile de revenir sur une question qui a été longuement explicitée depuis que l’on a voulu le considérer comme la cause principale des abus qui ont défiguré le visage de l’Église.
L’évêque, dites-vous est un « surveillant » qui garantit la « cohésion et la rectitude doctrinale d’un ensemble de communautés ». Peut-être m’expliquerez-vous pourquoi vous atomisez l’Église en communautés indépendantes les unes des autres avec à leur tête un évêque qui semblerait seul garant de la doctrine pour cette seule communauté ? Et que devient l’unité de l’Église dans tout ça ?
Et pour terminer : « Pourquoi candidater à Lyon ? » Vous voyez comme motif principal la « faillite dans leur tâche première de protéger leur communauté » que vous attribuez aux quatre derniers évêques. Pour être clair la faillite, selon vous, n’a qu’un seul motif : les abus avérés d’un prêtre qui ont nourri pendant des mois un climat délétère à Lyon, en France, dans le monde !
La justice a parlé. Le cardinal Philippe Barbarin a pris la décision, acceptée par le pape François, de démissionner de sa charge. Le siège est vacant.
… Libre pour votre candidature ?
Madame Soupa, ce diocèse n’est pas un diocèse quelconque. Il est celui qui a comme fondateurs saint Pothin, saint Irénée -dans la lignée de l’apôtre saint Jean, de saint Polycarpe-, les martyrs de Lyon, dont une jeune femme, Blandine …
Que saint Irénée nous apprend-il aujourd’hui ?
« Il est éblouissant pour son amour de Jésus et sa connaissance des saintes Écritures. Ce qu’il dit peut nous éclairer dans les débats actuels pour changer l’Église et ses structures, souvent si décevantes.
Qui va renouveler l’Église ? Ce n’est pas nous et nos réflexions (…). Mais c’est vraiment Lui qui sera la source du renouveau de l’Église. Est-ce que le Christ a sa place de Seigneur dans nos cœurs, dans nos communautés ? Ce n’est pas sûr… » Ainsi s’exprime celui qui est le dernier successeur en titre de saint Irénée, le cardinal Philippe Barbarin.
Je laisse la conclusion à saint Irénée qui s’adresse directement à vous, qui vous portez candidate à sa succession :
« Ainsi en va-t-il du service envers Dieu ; à Dieu, il n’apporte rien, car Dieu n’a pas besoin du service des hommes ; mais à ceux qui le servent et qui le suivent, Dieu procure la vie, l’incorruptibilité et la gloire éternelle. Car, de même que Dieu n’a besoin de rien, de même l’homme a besoin de la communion de Dieu. Car la gloire de l’homme, c’est de persévérer dans le service de Dieu. C’est pourquoi le Seigneur disait à ses disciple : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis » (Jn 15, 16b), indiquant par là que ce n’étaient pas eux qui le glorifiaient en le suivant, mais que, du fait qu’ils suivaient le Fils de Dieu, ils étaient glorifiés par lui. »
— Contre les hérésies (Adversus haereses), IV, 14, I.
Commentaires récents