« Si je jette un regard sur mon passé, je reconnais que dans ma première jeunesse j’ai pris un mauvais chemin : celui du mal qui m’a conduit à la ruine ; j’ai été influencé par la presse, les spectacles et les mauvais exemples que la plupart des jeunes suivent sans réfléchir, mais je ne m’en souciais pas. J’avais auprès de moi des personnes croyantes et pratiquantes, mais je ne faisais pas attention à elles, aveuglé par une force brutale qui me poussait sur une route mauvaise. À vingt ans j’ai commis un crime passionnel… »
Celui qui s’exprime ainsi a 80 ans. Il vit retiré dans un couvent à Macerata où il passe le reste de sa vie au service des moines de ce couvent.
Il s’appelle Alessandro Serenelli.
Quand on cherche son nom sur un moteur de recherche il apparaît sous la rubrique « Criminel ».
Il est vrai qu’il est responsable de la mort d’une jeune fille de 12 ans, Maria Goretti en 1902.
« Le 5 juillet 1902, Maria était occupée à raccommoder des vêtements, et de passage, Alessandro la poursuivit une nouvelle fois de ses assiduités. Face à la résistance désespérée de la jeune fille, il la frappa plusieurs fois avec une alène, provoquant des blessures graves.
Maria mourut à l’hôpital de Nettuno dans l’après-midi du lendemain après avoir pardonné à son agresseur. »
« L’expertise psychiatrique effectuée au cours du procès le jugea capable de consentement et de volonté, en reconnaissant que les conditions de vie absolument misérables du jeune homme et les cas répétés de folie et d’alcoolisme dans sa famille atténuaient dans une certaine mesure sa responsabilité. »
« À l’issue du procès, le jeune homme fut condamné à 30 ans de prison. Il échappait à la condamnation à perpétuité, étant mineur selon la législation de l’époque. »
https://www.wikiwand.com/fr/Alessandro_Serenelli#/Une_vie_retir%C3%A9e
Je reprends ces mots de son testament spirituel rédigé à l’âge 80 ans, le 5 mai 1961 : « J’ai été influencé par la presse, les spectacles et les mauvais exemples que la plupart des jeunes suivent sans réfléchir, mais je ne m’en souciais pas ».
Qui ne verrait dans les causes qu’Alessandro dénonce les mêmes causes produisant les mêmes effets en 2023.
Sur Maria Goretti
Un film italien de 1949 : « Cielo sulla palude » titre français « La Fille des marais »
Dans les premières minutes du film une description des marais pontains au début du XX° siècle où sévissait le paludisme, la « mal’aria ».
Ce commentaire de 1951 du journal Le Monde … signé Henry Magnan
« Les gens qui continuent de tenir le cinéma pour un art mineur deviennent de plus en plus rares. Nous leur abandonnons la production dite courante, mais nous les prions de voir sans préjugés des films tels que le journal d’un curé de campagne, Sunset boulevard ou Juliette ou la Clé des songes, pour ne parler que des plus récentes et plus diverses productions d’un art qui méprise autant que le théâtre les écoles pour distinguer les individus. Nous les incitons très vivement aujourd’hui à se mettre à genoux devant la Fille des marais. Histoire vraie.
Cielo sulla palude est un film qui requiert cette position, cette disponibilité des spectateurs à plus d’un titre. Il est à la fois chrétien et… presque païen en ce qu’il divinise les moindres natures mortes que cadrent d’admirables photographies. Il faudrait être aveugle pour nier la miroitante présence de tous ces marais morts, plombés. Des marais Pontins. Il faudrait être athée pour ne pas reconnaître que la sainteté se moque bien de la boue et que » la pureté du ciel peut se refléter jusque dans les marais « . L’admirable est que le visuel et le mystique montrent bien dans ce film d’Augusto Genina qu’ils sont solidaires, inséparables. Artiste, l’athée reconnaîtra la beauté de la Fille des marais. Chrétien, le plus lourd amateur des richesses de la nature, d’un arbre ou de la mer, va leur découvrir un sens. L’action se déroule en 1902. Une petite fille de treize ans, Maria Goretti, est assassinée dans une ferme proche de Nettuno par Alessandro Serenelli, un jeune garçon qui voulait abuser d’elle. La famille Goretti, poussée par la misère sur les routes marécageuses de la malaria, n’avait trouvé à se loger que dans la même bergerie pour exploiter la tourbe et le limon du comte Teneroni. Giovanni Serenelli, père d’Alessandro, bourré de chianti à crever le paillon de sa propre fiasque, règne sur la Maison rouge. Il veut commander. Luigi Goretti s’incline pour loger sa famille errante sous le crépi du mas. La vie s’en va. Au long des jours elle emporte avec elle le père Goretti, terrassé par les fièvres. Maria, sa fille, blonde comme Cérès, éparpillera de ses mains d’enfant chaque jour des fleurs sur sa tombe. Maria, qui poursuit un long dialogue de la mer, proche, au ciel où elle veut bien aller rejoindre son père puisque Alessandro l’a avertie qu’il la tuera si elle persiste à ne pas s’abandonner à son désir… L’enfant prend en pitié son bourreau. Transpercée de quatorze coups de couteau (dossier de la canonisation de Maria Goretti en juin 1950), elle va mourir dans le lit blanc d’un hôpital autour duquel la foule a déjà conscience de perdre une sainte. Ses dernières paroles ? « Alessandro… je lui pardonne… Au ciel… je le veux… tout près… de moi. »
https://www.serenelliproject.org/news
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