Une tribune d’étudiants des IEP. En elle-même elle sera déjà suspecte d’avoir choisi son camp mais quand même…
Extraits
« L’objectif ici n’est pas de nous poser en victimes mais bien d’alerter nos concitoyens et nos dirigeants sur les dérives des IEP français qui, ne l’oublions pas, ont vocation à former nos futures élites intellectuelles, politiques et économiques. »… /…
« Ce progressisme dévoyé et la connivence des acteurs institutionnels qui le choient sont alimentés par les plus grands maux de notre époque: la peur d’être rejeté et la paresse intellectuelle d’une part, la mégalomanie et la victimisation d’autre part. Ce besoin qu’ont les nouveaux censeurs de détenir la vérité, et de justifier leurs échecs personnels par des oppressions présumées du «système», vient légitimer qu’on inflige une correction sociale, voire physique, aux mauvais. »…/…
« Ce petit monde terrorise nos administrations et les enjoint à annuler les conférences sous peine d’opprobre public. »…/…« Nos directions, terrifiées et obsédées par l’image publique de leurs établissements respectifs, cèdent souvent, affichant sans aucune honte leur refus de recevoir des pseudo-fascistes dans leurs instituts. Plus subtile, la condescendance inhérente à cette communauté, où les pairs épousent l’onanisme intellectuel, rejette plus volontiers encore ceux qui ne sont pas de leur monde. »
Je lis ce matin sous la plume de Luc Ferry (Le Figaro, Jeudi 6 janvier 2022 – Opinions) :
« L’universalisme républicain n’est qu’un héritage du christianisme comme l’avait vu Tocqueville, dans un passage de La Démocratie en Amérique, en parlant de la grande Déclaration des droits de l’homme de 1789 : « C’est nous, les Européens, écrivait-il, qui avons donné un sens déterminé et pratique à cette idée chrétienne que tous les hommes naissent égaux et qui l’avons appliquée aux faits de ce monde. C’est nous qui, en détruisant dans tout le monde le principe des castes, des classes (…), en répandant dans tout l’univers la notion de l’égalité des hommes devant la loi, comme le christianisme avait créé l’idée de l’égalité de tous les hommes devant Dieu, je dis que c’est nous qui sommes les véritables auteurs de l’abolition de l’esclavage. »
J’extrais cette citation d’un article qui se veut un hommage à tous ceux qui depuis que la pandémie a mis le feu à toute la planète a aussi contribué à la destruction du tissu social. Et Luc Ferry de conclure : « Belle méditation, qui établit, avec beaucoup de finesse et de profondeur, une filiation entre l’idée républicaine dans ce qu’elle a de plus laïque et l’héritage chrétien dans ce qu’il a de plus humaniste : l’égalité des créatures devant Dieu, transposée en égalité des citoyens devant la loi, n’est au fond qu’une sécularisation réussie de la parabole du bon Samaritain : comme elle, elle ouvre la compassion pour le prochain à un universalisme qui fait abstraction des appartenances communautaires pour étendre le principe de fraternité à l’humanité tout entière. Qu’hommage soit ici rendu aux bons Samaritains d’aujourd’hui, qu’ils soient chrétiens ou non ! »…
Et si c’était aussi l’occasion de rappeler que « l’héritage chrétien » n’a jamais été en contradiction avec les principes de « l’idée républicaine dans ce qu’elle a de plus laïque » ? Alors on en aurait peut-être fini des interminables querelles qui finissent par miner les plus belles énergies en même temps qu’elles entretiennent la suspicion, le rejet … qui sont le terreau de la haine.
Juste une remarque : Luc Ferry affirme : C’est nous qui, en détruisant dans tout le monde le principe des castes, des classes (…), en répandant dans tout l’univers la notion de l’égalité des hommes devant la loi, comme le christianisme avait créé l’idée de l’égalité de tous les hommes devant Dieu, je dis que c’est nous qui sommes les véritables auteurs de l’abolition de l’esclavage. »
Il insiste sur cette idée que « nous sommes les véritables auteurs de l’abolition de l’esclavage ». Il oublie que c’est « nous » aussi qui l’avons introduit et avec lui « le principe des castes, des classes (…). Ce n’est pas le christianisme qui a « créé l’idée de l’égalité de tous les hommes devant Dieu »… Le christianisme n’est le christianisme que si on veut bien comprendre que c’est Jésus-Christ son socle, sa référence, sa racine et qu’il n’y a pas de solution de continuité essentielle ni existentielle entre Dieu et Jésus-Christ. Alors si un hommage doit être rendu « aux bons samaritains, chrétiens ou non », il est juste aussi de ne pas déconnecter « l’héritage chrétien » de sa vraie source « l’égalité des créatures devant Dieu » qui n’est que secondairement « transposée en égalité des citoyens ».
Un ami m’a adressé à l’occasion de Noël le lien d’une émission diffusée sur France Culture intitulée : « Du soleil invaincu au petit Jésus ». Elle a été diffusée le 24 décembre 2011 dans le contexte de l’émission de l’époque « On ne parle pas la bouche pleine » https://www.franceculture.fr/…/du-soleil-invaincu-au… Le journaliste interrogeait un historien médiéviste André Vauchez. L’émission se voulait un survol historique autour de la date du 25 décembre pour situer chronologiquement la fête chrétienne de Noël. Je ne vais pas faire ici ni le résumé de l’émission ni même en faire une analyse critique. L’ami qui m’envoyait le lien n’avait pas d’autre intention que de me faire remarquer que la date du 25 décembre est pour lui celle du « Sol invictus », autrement dit celle du « soleil invaincu », le solstice d’hiver. Quand j’écris « pour lui » je veux dire que pour lui la fête chrétienne de Noël est une « invention » qui ne repose sur aucune vérité historique. … Qui n’en conviendrait ? Quand Jésus est né il n’y avait pas de registre d’état civil où on inscrivait les naissances… Tout ceci n’est qu’anecdotique et, pour le dire un peu brutalement, sans grand intérêt. Parce que Noël que l’on voudrait voir disparaître comme référence pour ne pas heurter la conscience de tous ceux qui ne partagent pas les convictions chrétiennes, c’est tout autre chose qu’une date sur un calendrier.Et pour parler franchement si le 25 décembre n’est plus qu’un jour comme les autres, qu’il a perdu son sens, alors effectivement pourquoi garder ce mot « Noël ». Au fait c’est quoi, Noël ?
Je donne la parole à … Arthur Rimbaud ! Il ne parle pas de Noël mais de Jésus à Nazareth :
En ce temps-là, Jésus habitait Nazareth. L’enfant croissait en vertu comme il croissait en âge. Un matin, quand les toits du village se mirent à rosir, il sortit de son lit alors que tout était en proie au sommeil, pour que Joseph, en se levant, trouvât le travail terminé. Déjà penché sur l’ouvrage commencé, et le visage serein, poussant et retirant une grande scie, il coupait maintes planches de son bras d’enfant. Au loin apparaissait le soleil brillant, sur les hautes montagnes, et son rayon d’argent entrait par les humbles fenêtres… Voici que les bouviers mènent aux pâturages leurs troupeaux ; ils admirent à l’envi, en passant, le jeune ouvrier et les bruits du travail matinal. « Qui est cet enfant ? disent-ils. Son visage montre une beauté mêlée de gravité ; la force jaillit de son bras. « Ce jeune ouvrier travaille le cèdre avec art, comme un ouvrier consommé; et jadis Hiram ne travaillait pas avec plus d’ardeur quand en présence de Salomon, il coupait de ses mains habiles et robustes les grands cèdres et les poutres du temple. « Pourtant le corps de cet enfant se courbe plus souple qu’un frêle roseau; et sa hanche, droite, atteindrait son épaule. » Or sa mère, entendant grincer la lame de la scie, avait quitté son lit et, entrant doucement, en silence, elle aperçoit, inquiète, l’enfant peinant dur et manœuvrant de grandes planches… Les lèvres serrées, elle regardait; et, tandis qu’elle l’embrasse d’un regard tranquille, des paroles inarticulées tremblaient sur ses lèvres. Le rire brillait dans ses larmes… Mais tout à coup la scie se brise et blesse les doigts de l’enfant qui ne s’y attendait pas. Sa robe blanche est tachée d’un sang pourpre, un léger cri sort de sa bouche… Apercevant sa mère, il cache ses doigts rougis sous son vêtement; et, faisant semblant de sourire, il lui dit : « Bonjour, mère ! » Mais celle-ci, se jetant aux genoux de son fils, caressait, hélas! de ses doigts, les doigts de l’enfant et baisait ses tendres mains en gémissant fort et baignant son visage de grosses larmes. Mais l’enfant, sans s’émouvoir : « Pourquoi pleures-tu, mère qui ne sais pas ?… Parce que le bout de la scie tranchante a effleuré mon doigt ! Le temps n’est pas encore venu où il convienne que tu pleures. » Il reprit alors son ouvrage commencé ; et sa mère en silence et toute pâle, tourne son blanc visage à terre, réfléchissant beaucoup et, de nouveau, portant sur son fils ses yeux tristes : « Grand Dieu, que ta sainte volonté soit faite ! »
Arthur Rimbaud Traduction d’un poème en vers latins, composé par Rimbaud au Collège de Charleville, en 1870, à l’âge de 15 ans.
Et en miroir à ces mots d’Arthur Rimbaud ceux du cardinal africain, Robert Sarah : « Quand Dieu a décidé d’envoyer son Fils pour sauver le monde, la situation n’était pas brillante. C’est même pour cette raison qu’il a envoyé Jésus partager notre vie humaine, nos souffrances, nos espérances : il est venu humblement parce que Dieu est humble et qu’il nous aime. L’amour et l’humilité, c’est la même chose. La situation que nous vivons aujourd’hui ressemble à celle de Noël, quand le fils de Dieu est venu sur terre. Jésus est vraiment l’espérance du monde parce que seul et unique Sauveur. Il est la lumière du monde, le soleil vivant. Le soleil donne vie mais fait également croître l’humanité, les plantes. …/…Notre façon de l’accueillir, c’est d’ouvrir nos cœurs et ne pas le laisser dehors comme à Bethléem, où il n’y avait pas de place ni pour Marie, ni pour Joseph, ni pour lui. Nous ne devons pas imiter cette fermeture, mais nous ouvrir humblement… »
Et puisqu’il n’est pas question de parler du fils sans évoquer sa mère, ce poème bien connu de Paul Claudel récité par Madeleine Renaud en 1981 (une archive de l’INA du 24 décembre 1981) : Guy Béart pose cette question à Madeleine Renaud : « Madeleine, pour vous qui est Marie ? »… et elle répond (https://www.ina.fr/…/madeleine-renaud-dit-la-vierge-a……
La Vierge à midi
Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier. Je n’ai rien à offrir et rien à demander. Je viens seulement, Mère, pour vous regarder…/…
Pour terminer sur un rythme très joyeux venu des Andes péruviennes
Allegro : Cachua a voz y bajo Al Nacimiento de Christo Nuestro Señor, [Tomo II, Estampa – E. 177] – Códice Trujillo del Perú o Martínez Compañón (S. XVIII). Intérpretes : Capilla de Indias – Directora : Tiziana Palmiero. Imágenes : Ciudad de Cajamarca – (Perú).
Dos Cachuas del Códice de Martínez CompañónTrujillo, 17891. Niño il mijor2. Dennos licencia señoresEl Códice del Obispo Baltasar Jaime Martínez Compañón « Trujillo del Perú » reúne en el tomo II diecinueve piezas recogidas en los territorios del obispado de Trujillo en 1789. Esta colección se publicó en 1946 con el título de « Folklore Musical del siglo XVIII » conteniendo la reproducción facsimilar de los manuscritos y la transcripción de las letras realizados por Rodolfo Holzmann, César Arróspide de la Flor y Rubén Vargas Ugarte. Es un códice de trascendencia para la música peruana porque documenta nuestras tempranas expresiones populares.Coro Nacional de Niños del Perú Director: Oswaldo Kuan
Noël c’est comme toujours chaque année, une porte qui s’ouvre sur un nouveau calendrier.… Belle année 2022
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